lundi 13 avril 2009

Jeux Vidéo vous avez dis ?


Les jeux vidéos sont aujourd'hui pour le commun des mortels un peu comme l'écume quantique pour le monde scientifique d'il y a quelques années...Chacun savait ce que c'était sans pour autant en parler avec la plus grande des certitudes et sans trop vouloir s'avancer...

Prenons le cas d'un citoyen/ne lambda moyen/ne, honnête contribuable de son état, apprécier de ses collègues, de ses voisins, de son notaire, de son boucher, d'un peu trop près par sa/son secrétaire, et même de sa femme / son mari - ce qui n'est pas négligeable...-
Cet individu, d'un mètre soixante-quinze environ, pour une masse qu'estimerons-nous convenable - ne froissons pas ces dames -, au poil brillant, est considéré par ses pairs comme averti(e), cultivé(e), pleins de bon sens...Enfin, jusqu'à ce que vient le terrible instant de la réplique assassine, type pré-fabriquée mais tellement convenue : Quoi, à ton âge ?
Me direz-vous, une phrase pareille doit-être bien méritée... Lancée à un adolescent de 44 ans qui vous explique très sérieusement qu'il tente de se faire une place dans les X-games catégorie BMX, lancée à votre grand-mère trois fois centenaire dont la dernière idée n'est ni plus ni moins de sauter à l'élastique du pont de Millau (1), j'en conviens fort aisément, c'est justifié... Mais lorsque ledit individu vous le balance alors que vous venez tout simplement de lui faire part du fait que vous êtes "gamer" régulier et qui plus est, vous aimez vraiment ça, permettez moi de vous dire franchement : c'est extrêmement déplacé, et stupide de surcroît... A se demander quel est le plus vexant : que l'on vous prenne pour un gamin pré-pubert à 24 ans ou que le demeuré vous faisant face s'exprime sur un sujet qu'il ne connait ni de Lilly ni de Marshall...(2) Un peu des deux...


Les jeux vidéos ont peut être été une invention particulièrement destiné aux enfants entre 7 et 15 ans, bien que ce point soit déjà en lui même grandement discutable. Si par esprit de consensus j'admets cette hypothèse, je ne peux m'empêcher de vous rappeler que cela était le cas il y a maximum 20 ans... Aujourd'hui, cela n'est plus véritablement d'actualité... Certes une part des créations vidéo-ludiques s'adresse directement à nos chères petites têtes blondes, brunes, rousses et de toutes les couleurs de l'arc-en-ciel si cela vous amuse, mais la grande partie des titres majeurs édités en 2008 ne s'adressaient pas exclusivement aux moins de 15 ans... Ce qui est aussi un problème...

En effet, lorsque vous n'êtes pas réduit à un humanoïde au Q.I de chocobo (3), vous êtes purement taxé de dégénéré sanguinaire, limite suspecté de plancher sur la prochaine tuerie d'école maternelle - et oui, plus ils sont sans défense, plus c'est drôle -, qui alimentera "Bowling for Columbine II". Naturellement, j'exagère un petit peu, mais l'argument de la violence tombe inévitablement. C'est un fait, le jeux vidéo, quand ce n'est pas un monde de niaiseries, c'est un monde empli de monstruosités de toute nature.
Effectivement, il existe des jeux violents. Des créations déconseillées aux moins de 18 ans... Car oui, il existe aussi un notation permettant de savoir à quelle catégorie d'âge un jeu donné est conseillé... En Europe, on appelle ça la norme P.E.G.I ( Pan European Game Information ). Ce système référence de façon systématique les jeux en leur attribuant un logo général ( 3+, 7+, 12+, 16+, 18+ ) pour l'âge conseillé en plus de logos supplémentaires en fonction de spécificités particulières ( violence, vulgarité, évocation de drogues/alcool ). Cette norme dénombre au 30.6.2008, 423 jeux déconseillés au moins de 18... sur un total de... 9847... Si vous êtes balèze en calcul, vous avez donc compris que cela fait pas énorme... Pour les moins fort, cela fait 4%...(4)
Cependant, les plus critiques dans l'assistance ne vont pas s'empêcher de répliquer que "OK, certes 4% des jeux contrôlés sont pour les 18 ans et plus, mais "Les Bizounours aux pays du Ninnin vengeur" c'est pas franchement le plus gros carton commercial de 600 dernières années. Et puis mon gars de 12 ans, son truc c'est Call of Duty"
OK, 1 point pour toi Charlie. Ci-dessous le classement des meilleures ventes 2008 :

Jeux Ventes totales Ventes US Ventes JAP Ventes UK
Mario Kart Wii (PEGI 3+)
8,94 5 2 1,94
Wii Fit (PEGI 3+ )
8,31 4,55 2,15 1,61
Grand Theft Auto IV (PEGI 18+)
7,29 5,18 0,26 1,85
Super Smash Bros Brawl (PEGI 12+ )
6,32 4,17 1,75 0,40
Call of Duty : World at War (PEGI 16+)
5,89 4,46 0 1,43
Source: www.jeuxvidéo.com



Donc, en effet, il y a un 18+ dans le classement des meilleures ventes, en effet Call of Duty est un carton commercial indiscutable, apprécié d'une bonne frange des pré-ados et ados mais plusieurs possibilités s'offrent à toi Charlie :

- En premier lieu, il est toujours bon de faire fonctionner son autorité parental. Un bon "non" n'a jamais tué un enfant, simplement lui donné l'envie de contourner ledit "non". Le refus peut et devrait même s'accompagner d'une explication simple, passant par les arguments suivants : "Le 16+ c'est pas pour les chiens", "Pas de souci mon chéri, tu le prends sur ton argent de poche" et "l'anti-mode est à la mode, démode la mode"(5)

- Dans un second temps, si le razmoket persiste à vouloir y jouer, chez un copain par exemple, il est toujours mieux d'inviter le copain en question... Et les laisser jouer à Super Smash Bros Brawl - pour sûr, les gamins émergent pas de l'aprem -

- Si Pikachu vs Link, c'est vraiment pas son truc, il reste la possibilité de jouer avec son enfant malgré tout à Call of Duty. Mais si cette solution n'est pas ma préférée et amplement évitable par les solutions antérieurement énoncées, elle demeure le bac à graviers de secours et permet de désamorcer par avance bon nombre de méfaits... Bien que, avouons le nous, vous aurez à peine eu le temps de vous remettre du "head-shot" collé dans votre poire par votre bambin que ce dernier se marrera encore comme une baleine...

Je peux donc conclure que la violence existe dans les jeux vidéos, certes, sans pour autant qu'elle soit généralisée... Chaque tranche d'âge contient des jeux qui lui sont appropriés.
De surcroît, il est aussi important, il me semble, de la relativiser... Elle est extrêmement variable, de nature tantôt psychologique, tantôt crue... En définitive, pas plus différente que celle rencontrée au cinéma... Le problème n'est-il pas en fin de compte que nous sommes joueur et donc à proprement parlé actif dans cette brutalité ?

Sur ce point, je pense très honnêtement que c'est une question de perception... Tout dépend comment les images sont perçues et analysées inconsciemment par tel ou tel individu... Mais, dans un cadre général, elle demeure très peu nocive à partir du moment où le contenu vidéo-ludique est utilisé avec parcimonie... Un produit comme Call of Duty 4 : Modern Warfare, une référence dans le genre FPS, de norme P.E.G.I 16+, reste un jeu de tir avec son lot de morts, de "head-shots", mais cela demeure un jeu où la stratégie, la finesse tactique et surtout un bon sens de la manœuvre sont amplement utiles, pour ne pas dire indispensable afin de s'en sortir sans trop de bleus à l'âme... Les joueurs les plus aboutis ne se rendent sans doute plus compte des capacités appelées pour jouer tant cela leurs est devenu naturel de "fragger" pour quatre.
Si vous faites le test de mettre ce genre de jeux dans les mains d'un néophyte, que vous l'entraînez aux commandes dans un premier temps avant de le lâcher dans la fosse aux lions des parties multi-joueurs, vous vous rendrez compte, sans trop attendre, que le sujet est vite, très vite dépassé par les évènements...
Sans dire que cela n'est pas donné à tout le monde de jouer hors/en ligne à des FPS, pour ne
citer qu'eux, je préciserais néanmoins que cela nécessite un certain nombre d'aptitudes, comme de bon réflexes, un calme plus ou moins olympien, et une très bonne coordination oeil-main...

Une fois les préjugés sur les aspects "gamin" et violent éliminés, reste une épine dans le pied...
Les jeux-vidéos , c'est addictif... Ou pour les plus mesurés, les jeux-vidéos comportent un risque d'addiction...
Personnellement, le vin c'est addictif... [grand "Hooooo" de la foule]... Mes excuses, cela en revient au même... Le vin est tout à fait positif et inoffensif si bien consommé, il en est de même des jeux-vidéos... Ni plus ni moins...
On ne peut pas dire que jouer à ce type de divertissement, car je pense que c'est un divertissement avant tout, peut générer de façon partielle ou complète, systématique ou non, un sentiment de dépendance... Un bon "JV" est aussi accrocheur qu'un bon livre, un bon film ou un bon album... Et je crois sincèrement que c'est un faux débat, facile et bien trop convenu pour être sérieux...
Je ne nie pas cependant que certaines personnes sombrent dans une utilisation abusive de certaines titres, telle que des MMORPG, mais de mon analyse, cela n'est pas de l'addiction... Le média est en lui même pas coupable, il est simplement un échappatoire facile comme l'est encore fort bien l'alcool ou la drogue, qui sont, je tiens à le rappeler, bien plus présent et destructeur aujourd'hui que ne le sont les JV... Je pense d'ailleurs qu'il n'est même pas nécessaire de citer les chiffres tant cela est probant...

Pour conclure, le monde des amusements virtuels est bien loin d'être une sphère infernale comme trop souvent décrit et stigmatisé par les médias d'informations... Il est en fin de compte un bien culturel comme un autre, peuplé de catégories distinctes et de titres plus ou moins recommandable pour les plus jeunes, plus ou moins recommandable d'une manière générale...
Mais c'est surtout un univers extrêmement divertissant, construit d'une multitudes de qualités, qui offre tantôt de l'émerveillement, tantôt de la satisfaction, très souvent des grands moment de rire... C'est une expérience personnelle et collective qui, je pense, vaut la peine d'être tentée...







(1) : Le pont de Millau est le plus haut pont haubané du monde, situé dans l'Aveyron
(2) : Couple quasi-inséparable de la série "How I met your Mother"
(3) : Créature virtuel, bipède et ailée, récurrent dans la série "Final Fantasy" de Square Enix
(4) : http://www.pegi.info/fr/index/id/79/
(5) : Citation tirée des paroles de Temps Mort, album Prose Combat, Mc Solaar

Anecdote - Part II


Si vis Pacem, para bellum
Si tu veux la paix, prépare la guerre




5h00. Mon portable miteux sonne, sans pour autant me prendre par surprise. Cela fait déjà près de 2h que je suis éveillé. Je n'ai presque pas dormi, pas l'envie, plus l'envie. Mes yeux se perdent dans le bleu profond du ciel encore étoilé. Le soleil ne va plus tarder, illuminant bientôt cette terre maudite pour laquelle je me bats pourtant...
Je repense à mon parcours, à ce passé que j'ai forgé, à ces actions que j'ai décidé, à ces raids que j'ai mené. Je retrace en moi-même ce chemin dessiné au rouge du sang et de notre haine, au noir de nos balles et de notre colère. Tout ce destin parcouru pour arriver à ce jour fatidique...

J'ai pourtant commencé tranquillement, dans une famille ni pauvre, ni riche. De l'amour, de l'amitié j'ai connu. Un cadre enviable, envié peut-être, une famille que j'aimais par-dessus tout. Je me souviens de ces après-midi ensoleillées et caniculaires à jouer au ballon, de ces soirées fraîches à contempler l'infinie du ciel...Je me souviens de ces jours avançant trop vite, de cette ignorance bien trop vite perdue, de ses yeux croisés un jour de jeun...Je me souviens des réticences de ma mère, des interdictions de mon père, de mes échappées avec elle dans les champs encore inoffensifs pour découvrir les plus belles facettes de la vie.
Je me souviens de ce temps perdu, de cette fresque si belle et si vite brulée, de ce jour noir obscur...

Sorti à moitié de ma torpeur, je me suis levé, encore accroché par ces lambeaux de passé, par ces couteaux enfoncés indéfectiblement dans ma chair...Je me passe de l'eau sur le visage, espère innocemment à une erreur, un changement de programme...Je me lave, lentement, paradoxalement calme.
Je me dirige vers la grande salle adjacente à ma chambre, aux murs éventrés, troués ça et là, à moitié démolis à d'autres endroits. Mes compères sont déjà là, courbés sur leur repas matinal. Ils se relèvent, me saluent à demi-mots mais leurs yeux expriment une grande fierté, un honneur ridicule et auquel pourtant j'ai prêté serment. Ils me tendent une galette de farine maigre, ainsi qu'un bol de thé. Le repas est frêle, mais je sais parfaitement qu'il me faudra guère plus aujourd'hui...Je me presse pas, je vagabonde en moi-même, sans de pensées fixes, voguant entre souvenirs, cauchemars, convictions, déceptions. Mon repas fini, je n'ai envie que d'une chose....Voir le soleil se lever.

Des soleils levants j'en ai vu, des beaux, des magnifiques, des magiques...Dans ses bras...Ce matin-là aussi...Nous étions tout deux, enlacés, tendrement, sans troubles, dans les herbes sèches et hautes. Après une nuit de communions, comme nous avions alors de plus en plus souvent l'habitude de connaître malgré les foudres de parents respectifs. Nous admirions l'astre solaire dans les couleurs mâtes de l'aube. Sans rien à faire, sans agenda précis, nous étions alors décidés à revenir dans notre quartier pour rejoindre nos familles. D'un pas lent, nous prenions la mesure de chaque seconde, nous étions dans notre nirvana, imperturbable, accroché aux étoiles, tutoyant les anges, touchant le bien-être infini. Mais le coin de ma rue arrivait, et résignés, nous savions qu'il fallait retoucher terre jusqu'à notre prochaine fois. Nous nous somme alors embrassés, pour un au revoir, un ultime au revoir...
Des bruits sourds venant de l'horizon se firent alors entendre. Prémices de l'enfer qui allait s'abattre sur nous, ils se rapprochèrent, pour finir assourdissant. Les minutes qui suivirent ne furent que successions d'explosions, fracas de murs s'écrasant au sol, cries en tout genre, de toute part, une immense confusion s'imbibant au fil des secondes de sueurs froides et de sang. Je garde aujourd'hui que de vagues images, des instantanés d'horreur, de sa main qui échappe à la mienne, de la poussière qui nous enveloppait, du feu qui nous ravageait, de cette vague de débris qui me pris son corps et ôta la vie de son enveloppe charnel...Je me rappelle de l'effroi qui m'assailli, de la peur la plus pure qui m'étripa, de ces secondes accablantes, où, sous mes yeux, elle s'en alla pour ne plus revenir...

Les larmes perlent sur ma joue, comme à chaque fois. Et comme à chaque fois, cette haine la plus profonde émerge, cette haine qui anime la moindre de mes cellules, cette hargne provenant de l'injustice de cette vie maudite. Je baisse les yeux, me rappelle que la vengeance est aujourd'hui venue. J'entre à nouveau dans la maison, pénètre dans la remise, endroit où armes, explosifs et autres munitions sont entreposés. Dans un coin, sur une pile de chargeurs d'automatiques, traîne une boîte en carton léger. Je l'attrape, l'ouvre et observe les vêtements qui s'y trouvent. Je me dis définitivement que c'est comble, une absurde situation...J'ai passé mon temps à ne pas les aimer, puis à les détester, avec le temps à les tuer si cela s'avérait nécessaire ou que cela se présentait, je finirai donc mon parcours dans l'un de leurs habits. Le contenant entrepose, depuis un moment à en constater la poussière recouvrant le couvercle, un ensemble de rabbin. Je commence alors à me revêtir.
Je me sens maintenant mal à l'aise, une gêne me prend, j'ai l'impression qu'une honte me recouvre subitement. Ces habits ne sont pas les miens, et j'ai qu'une envie : les retirer ; je finis néanmoins de me vêtir du veston et du long manteau.

Je reste un long moment seul, seul avec mes souvenirs. Seul avec ces flashs de cette journée d'horreur. J'y ai tout perdu. Femme, frères, sœurs, mère, et un grand nombre d'amis...Les bombes, tombées sur ma rue, par inadvertance selon le communiqué israélien, à touché de plein fouet la grande bâtisse où je vivais alors...Une erreur, une bavure... Surtout une riposte démesurée à une attaque minime de Palestiniens opprimés...Je revois ces interminables jours qui ont suivi, où, un par un, mes proches furent ensevelis. Je me rappelle cette détresse qui me gagna, qui me rongea, que j'ai appris à surmonter, à modeler, à transformer en haine sans bornes pour ces envahisseurs, ces tueurs...Je me remémore mon engagement dans les rangs du Fatah, pour mieux étancher ma rage...Pour arriver ici...

Je crois qu'éternellement, et même dans l'autre Monde, une fois tout cela fini ici-bas, je me poserai cette question, qui me hante depuis le jour noir : Pourquoi ne suis-je pas parti aussi ce jour là ? Pourquoi ai-je été un de ces rares survivants, que les pierres, le feu ou les éclats d'obus n'ont pas abattu ? Est-ce un privilège, une malédiction ?
Mes supérieurs m'ont toujours répétés que c'était la loi d'Allah, que c'était pour mieux le servir, pour me sacrifier plus tard...Et je me suis toujours répété que c'était banal, facile, trop facile...J'y ai cru pourtant, je continue à douter. Je ne suis pas pleinement convaincu qu'il existe une autre explication. Je n'ai rien fait pour en chercher une autre non plus. Je suis simplement resté perplexe sur mon sort. Le résultat reste le même, je suis toujours là, enfin...

Ils sont derrière moi, silencieux. Ils ne veulent rien dire, mais savent que j'ai compris. Une dernière chose à régler avant de partir, et pas des moindres.
Je me retourne, et me font signe, sans un mot. Je les suis jusqu'au cagibi. Je me pose alors sur un tabouret poussiéreux, retire mon manteau. Mes deux frères d'armes commencent alors à accrocher sur ma taille une ceinture d'un autre type. Constituée d'explosifs fait artisanalement, se rapprochant fortement des compositions C-, se répartissant en cinq blocs plastiques, tous reliés à une commande basique de détonateur, la ceinture aura la capacité de raser un grand périmètre et qui sait même, selon où je réussirais à la déclencher, à créer une petite réaction en chaîne.
Il n'y a pas plus inconfortable que de savoir que l'on porte sur soi de quoi se satelliser tout seul. J'en fait la remarque à mes compères, qui, fatalement, se mettent à rire. Je ris aussi...C'est impensable, difficile à croire, mais je ris. A moitié de ma blague, à moitié de nervosité, mais je ris tout de même...Comme avant.

La route menant à la ville est bosselé, gravillonneuse. Nous roulons à vive allure, bien que j'aurais apprécié un rythme moins soutenu. Non à cause de ma ceinture, qui de toute façon n'explosera pas aux mouvements brusques, mais parce que j'aurai aimer admirer les arrières-campagnes vertes et sables, bien attentivement, une dernière fois. Je capture cependant quelques morceaux de paysage, des visages inconnus, des senteurs de cuisine et des rires d'enfants.
La ville est proche. Par sécurité, je suis laissé en banlieue, à moi de faire le reste du trajet seul, en autobus.
Je ne presse pas, je devrais pourtant. Mais je regarde, observe. Je m'imprègne de l'atmosphère latente...Je croise une multitude de regards, de personnes impassibles assises dans le bus, de mères pressés par la sortie des écoles toute proche, de vieux gens, tantôt joyeux, à rire en groupe, tantôt blasés, que la vie ne surprend plus.
L'arrêt est proche et une cohue anime déjà le bus. Chacun veut sortir plus vite que tout les autres. Ainsi sont-ils. Place du marché annonce le speaker. Un lieu rêvé pour un attentat prémédité.
Je pose pied à terre. Respire un grand coup, fixe l'horizon du regard, me détermine l'endroit le plus approprié.
La rue d'en face est bondée, c'est une chance. Passants, étalages, badauds et véhicules en tout genre s'y amassent. Chacun à son affaire, il en est de même pour moi. Je longe la rue du marché, repère un léger bouchon sur une artère à ma gauche. Il n'y a pas mieux. J'accélère le pas, je ne veux pas manquer le coche. C'est ainsi là et maintenant que je veux exploser. Je force encore ma marche, à m'en faire mal aux jambes. Qu'importe, qu'importe...J'arrive au croisement, et dans mon dernier élan, je m'apprête à ouvrir mon par-dessus pour déclencher mes charges...


Une seconde...Ce même espace-temps qui me sépara d'elle...Seconde terrible, seconde fatale, seconde ultime...Plus rien que la colère m'emplit, plus rien que la volonté de me venger, de briser tout ces destins qui m'entourent, tout ces gens qui ont voulu, un jour ou un autre, notre mort. Comme cet homme, assis-là dans sa voiture...Je croise ses yeux, et je vois en lui cette peur profonde et intense, cette même peur qui me tirailla pendant toutes ces années. A son tour de voir la mort en face...

Ils m'ont tout pris, ils nous ont tout pris, ils prendront aujourd'hui ma vie, mais jamais, Ô grand Allah, jamais, ils nous prendront notre liberté...


... ... ... ...

Anecdote - Part I




" La paix n'est qu'une forme, un aspect de la guerre ; la guerre n'est qu'une forme, un aspect de la paix ; et ce qui lutte aujourd'hui est le commencement de la réconciliation de demain.

Jean Jaurès "




Anecdote.

Premières lueurs d'une journée sans n
uages. Mon esprit émerge du sommeil à mesure que le soleil diffuse ses chaleureux rayons. Il est 8h30.

Je suis seul. Seul dans mon lit, dans le silence, dans cet immense espace qu'est ma demeure. Elle n'est pas là, sans doute partie depuis un bon nombre de minutes déjà.
C'est dans cette tranquillité que je pose pied à terre, que je dédaigne me lever.
Aujourd'hui est un jour de repos. Nullement volé. Je fuis l'espace d'une journée la fureur des hommes, l'imprévisible, l'inconnu. Aujourd'hui est un jour de paix.
Je me sert un café. Mon cerveau est léger, enveloppé dans une brume confortable. Je pense sans penser, je réfléchie au néant, j'observe le vide. Je suis distrait et cela me convient. Je repense soudainement au magnifique de ce jour, au splendide de l'instant. Je pense aussi à des personnes, sans identité, sans référence, à quelconque connaissance, qui ne se plaise pas dans la routine. A celles qui la fuient. J'aime le principe de la routine. J'aimerai être dans une routine.
La vie pourtant a fait tout autre chose, le destin m'a dessiné un chemin bien loin de cette volonté. Est de ma faute ? C'est certain. N'y a-t-il pas une part imputable à mon père ? Aussi. Qu'importe. Ainsi va ma vie...
La routine m'irai bien. Plus ce stress, si particulier, si destructeur, plus de peur, si effroyable, plus d'inconnu, si obsédant. Plus que la vie, douce et sereine.
Soudain, mon cellulaire sonne. L'effroi monte en moi. Est ce la fin de mon rêve, de ce repos tant espéré ? Est-ce lui ? Non, pas aujourd'hui...
Ma main douteuse saisie le téléphone, mon encéphale apeuré me guide dans les menus, mon œil décrypte le message... Et tout se relâche... C'est elle... Elle qui m'indique de ne pas oublier les enfants cet après-midi, de ne pas rater la sortie des cours... Fausse alerte... Je redoutais un tout autre message, celui d'un supérieur désolé m'ordonnant d'enfiler mon gilet pare-balles et mon kevlar, de m'armer de mon automatique afin de lutter encore et toujours contre les « ennemis de l'étoile de David », comme il s'évertue à répéter. Pas de chasse aux terroristes aujourd'hui... Pas de Mal...

Peut-être cela se finira-t-il un jour ? Plus de guerre, d'instabilité ? Oui un jour, autre de demain mais un jour, bientôt je l'espère, car l'espoir est encore en moi, malgré ce que je vois, malgré les injustices dont je suis témoin, malgré le Mal qui croit, l'espoir règne au fond de moi et ne plie pas. Je le pense, et c'est ceux pourquoi je me bats, la terre sainte des trois religions connaîtra la paix.

J'organise ma journée, défini mes envies du jour. Après quoi, je me prépare, sans me pressé, pour encore mieux savourer toute l'incroyable du moment. Je prends la clef de la voiture, mes papiers et ferme la maison.
J'erre dans la ville, croise des connaissances, des amis, des frères. Je parle, je regarde, je sens les ambiances, les flagrances de tout ce qui m'entoure. Je me retrouve. Je vis.
Les heures s'égrainent à une vitesse folle. La fin des cours approche.
Ainsi, je me dirige alors vers l'école de mes enfants.
Je tombe fortuitement dans un ralentissement, un boulevard marchand grouillant de monde. Les voitures se faufilent non sans mal... Je prends alors le temps d'attendre. Mon regard se porte sur la foule à gauche, ce flux d'hommes, de femmes, de jeunes enfants. Je regarde une silhouette, tout de noir vêtu, un rabbin. Son attitude me frappe, ses yeux sont étranges... Ainsi ont été mes seuls constations...
Dans un élan fatal, l'inconnu ouvre son par-dessus, et, dans un ultime cri, déclenche ses charges. Une onde de choc et de feu s'abat sur la rue, déchiquetant les plus proches de l'explosion, détruisant mon habitacle, me projetant plusieurs mètres au loin. Je suis confus, la douleur est insoutenable, me paralyse, me prive de toute sensibilité. Mon corps est meurtri, je ne puis plus rien faire. J'entends l'affolement alentour, mais le bruit s'estompe. Je me sens plonger. Je ne pense plus maintenant qu'à elle, la femme que j'aime, à mes enfants, si belle création, pense que c'est une chance qu'ils ne sont pas avec moi, pense à cette folie. Ainsi aujourd'hui était un jour de paix... Je me dis maintenant qu'un message de mon hiérarchique m'aurai peut être sauver... Cruel destin et étrange vie... Je ne perçois plus rien de mes oreilles maintenant. Seuls mes yeux me restituent l'horreur. Mon corps me lâche, je pars, je le sens, ce fou m'a eue, non avec les armes « régulières », non avec les mots, mais par cette lâcheté devenue ordinaire...
Je respire de moins en moins, la douleur disparaît peu à peu, laissant place à une sensation de vide inconnue...
Dans ce que je sais comme ma dernière minute, le chaos est face à moi. Mais, seule, au loin, au dessus des hommes, une colombe, immobile, surplombe un lieu de désolation. Captant ce paradoxale spectacle, surgit en moi cet inébranlable espoir, car, même si je meurs, malgré l'injustice de ce moment, malgré tout, dans mon ultime souffle, j'y crois. Oui, j'y crois......