lundi 13 avril 2009

Anecdote - Part I




" La paix n'est qu'une forme, un aspect de la guerre ; la guerre n'est qu'une forme, un aspect de la paix ; et ce qui lutte aujourd'hui est le commencement de la réconciliation de demain.

Jean Jaurès "




Anecdote.

Premières lueurs d'une journée sans n
uages. Mon esprit émerge du sommeil à mesure que le soleil diffuse ses chaleureux rayons. Il est 8h30.

Je suis seul. Seul dans mon lit, dans le silence, dans cet immense espace qu'est ma demeure. Elle n'est pas là, sans doute partie depuis un bon nombre de minutes déjà.
C'est dans cette tranquillité que je pose pied à terre, que je dédaigne me lever.
Aujourd'hui est un jour de repos. Nullement volé. Je fuis l'espace d'une journée la fureur des hommes, l'imprévisible, l'inconnu. Aujourd'hui est un jour de paix.
Je me sert un café. Mon cerveau est léger, enveloppé dans une brume confortable. Je pense sans penser, je réfléchie au néant, j'observe le vide. Je suis distrait et cela me convient. Je repense soudainement au magnifique de ce jour, au splendide de l'instant. Je pense aussi à des personnes, sans identité, sans référence, à quelconque connaissance, qui ne se plaise pas dans la routine. A celles qui la fuient. J'aime le principe de la routine. J'aimerai être dans une routine.
La vie pourtant a fait tout autre chose, le destin m'a dessiné un chemin bien loin de cette volonté. Est de ma faute ? C'est certain. N'y a-t-il pas une part imputable à mon père ? Aussi. Qu'importe. Ainsi va ma vie...
La routine m'irai bien. Plus ce stress, si particulier, si destructeur, plus de peur, si effroyable, plus d'inconnu, si obsédant. Plus que la vie, douce et sereine.
Soudain, mon cellulaire sonne. L'effroi monte en moi. Est ce la fin de mon rêve, de ce repos tant espéré ? Est-ce lui ? Non, pas aujourd'hui...
Ma main douteuse saisie le téléphone, mon encéphale apeuré me guide dans les menus, mon œil décrypte le message... Et tout se relâche... C'est elle... Elle qui m'indique de ne pas oublier les enfants cet après-midi, de ne pas rater la sortie des cours... Fausse alerte... Je redoutais un tout autre message, celui d'un supérieur désolé m'ordonnant d'enfiler mon gilet pare-balles et mon kevlar, de m'armer de mon automatique afin de lutter encore et toujours contre les « ennemis de l'étoile de David », comme il s'évertue à répéter. Pas de chasse aux terroristes aujourd'hui... Pas de Mal...

Peut-être cela se finira-t-il un jour ? Plus de guerre, d'instabilité ? Oui un jour, autre de demain mais un jour, bientôt je l'espère, car l'espoir est encore en moi, malgré ce que je vois, malgré les injustices dont je suis témoin, malgré le Mal qui croit, l'espoir règne au fond de moi et ne plie pas. Je le pense, et c'est ceux pourquoi je me bats, la terre sainte des trois religions connaîtra la paix.

J'organise ma journée, défini mes envies du jour. Après quoi, je me prépare, sans me pressé, pour encore mieux savourer toute l'incroyable du moment. Je prends la clef de la voiture, mes papiers et ferme la maison.
J'erre dans la ville, croise des connaissances, des amis, des frères. Je parle, je regarde, je sens les ambiances, les flagrances de tout ce qui m'entoure. Je me retrouve. Je vis.
Les heures s'égrainent à une vitesse folle. La fin des cours approche.
Ainsi, je me dirige alors vers l'école de mes enfants.
Je tombe fortuitement dans un ralentissement, un boulevard marchand grouillant de monde. Les voitures se faufilent non sans mal... Je prends alors le temps d'attendre. Mon regard se porte sur la foule à gauche, ce flux d'hommes, de femmes, de jeunes enfants. Je regarde une silhouette, tout de noir vêtu, un rabbin. Son attitude me frappe, ses yeux sont étranges... Ainsi ont été mes seuls constations...
Dans un élan fatal, l'inconnu ouvre son par-dessus, et, dans un ultime cri, déclenche ses charges. Une onde de choc et de feu s'abat sur la rue, déchiquetant les plus proches de l'explosion, détruisant mon habitacle, me projetant plusieurs mètres au loin. Je suis confus, la douleur est insoutenable, me paralyse, me prive de toute sensibilité. Mon corps est meurtri, je ne puis plus rien faire. J'entends l'affolement alentour, mais le bruit s'estompe. Je me sens plonger. Je ne pense plus maintenant qu'à elle, la femme que j'aime, à mes enfants, si belle création, pense que c'est une chance qu'ils ne sont pas avec moi, pense à cette folie. Ainsi aujourd'hui était un jour de paix... Je me dis maintenant qu'un message de mon hiérarchique m'aurai peut être sauver... Cruel destin et étrange vie... Je ne perçois plus rien de mes oreilles maintenant. Seuls mes yeux me restituent l'horreur. Mon corps me lâche, je pars, je le sens, ce fou m'a eue, non avec les armes « régulières », non avec les mots, mais par cette lâcheté devenue ordinaire...
Je respire de moins en moins, la douleur disparaît peu à peu, laissant place à une sensation de vide inconnue...
Dans ce que je sais comme ma dernière minute, le chaos est face à moi. Mais, seule, au loin, au dessus des hommes, une colombe, immobile, surplombe un lieu de désolation. Captant ce paradoxale spectacle, surgit en moi cet inébranlable espoir, car, même si je meurs, malgré l'injustice de ce moment, malgré tout, dans mon ultime souffle, j'y crois. Oui, j'y crois......

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